mercredi 7 septembre 2011

Textile industriel : Attention danger !


Bonjour,

Est-il possible d’obtenir une liste exhaustive des produits toxiques utilisés dans le textile ainsi que leurs effets sur la santé et l’environnement ?

Par ailleurs, je souhaiterais savoir au bout de combien de lavages ces substances disparaissent des vêtements et si, enfin, les lessives non bio, soit disant plus respectueuses pour l’environnement, sont réellement non toxiques pour la planète et notre organisme.

Merci pour votre réponse.

D. Le-Quang

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Le-Quang, bonjour, 

Comme je l’avais déjà rappelé dans une note précédente à propos des sucres de synthèse contenus dans le Coca Cola, ce blog est idéalement dédié aux produits bio et aux médecines douces, et non aux produits chimiques et à la médecine allopathique. 

Il arrive peut-être que je dénonce brièvement certains toxiques dans un article ou une newsletter, dans le but évident d’inciter nos lecteurs à se convertir à la bio. Mais à partir de là, je m’attendrais à ce que leurs questions portent sur les solutions bio existantes plutôt que sur une investigation poussée des toxiques contenus dans le non-bio. 

Ne serait-ce que sur un plan pratique, il me semble beaucoup plus facile d’acheter tout simplement des textiles bio, que de chercher pendant des lunes un vêtement non-bio ne contenant pas trop de poisons, puis de le soumettre au lavage pour l’expurger d’une partie de ses miasmes. 

Je m’efforcerai, malgré tout, de vous répondre mais, d’une part, sans vous assurer de la moindre expertise en la matière, et d’autre part en renonçant à produire la liste exhaustive que vous me demandez… ne serait-ce que parce que j’ai la forte impression que, même si elle existait, elle serait excessivement longue. Et, de toute manière, incomplète car, ne rêvons pas, elle s’allonge naturellement tous les jours ! 

Maintenant, pour vous aider à mesurer l’optimisme de votre question, sachez que, dans le seul domaine des colorants, on en a recensé au moins 2000 ! Sur ce nombre, seuls 16% ont été analysés en toxicologie. Et sur ces 16%, près de la moitié se sont révélées très toxiques, et 38% moyennement toxiques. Au-delà, on ne peut que supposer que les 84% non analysés présentent les mêmes proportions de colorants toxiques, mais… on ne sait pas lesquels !

Alors, imaginer qu’il existerait une liste exhaustive des toxiques contenus dans les textiles, accompagnée de leurs effets précis sur la santé et l’environnement… oui, peut-être, mais assurément dans un univers parallèle ! Hélas !

Tenons-nous en donc raisonnablement, si vous le voulez bien, aux toxiques reconnus et les plus fréquemment rencontrés. 

Nous avons déjà parlé, dans notre newsletter, du nonylphénol. Inutile d’y revenir, sinon pour préciser quelles sont les marques concernées par cette pollution particulièrement scandaleuse : Adidas, Uniglo, Calvin Klein, Li Ning, H&M, Abercombrie & Fitch, Lacoste, Conserve, Ralph Lauren. 

Mis à part, donc, ce nonylphénol qui fait actuellement couler beaucoup d’encre, le dichlorométhane est une autre substance nocive qui fait parler d’elle à l’occasion. Il s’agit d’un solvant extrêmement irritant, souvent présent dans les jeans fabriqués en Asie. 

Le diméthylfumarate, lui, est un antifongique cancérigène interdit en Europe mais habituellement présent dans les textiles et cuirs importés de l’étranger. 

Le cuir – puisqu’on en parle – contient une quantité formidable de toxiques : chrome hexavalent (cancérigène et allergène), substances organiques chlorées, métaux lourds, oxyde d’éthylène, cyanure, etc. 

Mais revenons aux textiles proprement dits. Habituellement, on y dénonce surtout la présence : 
De pentachlorophénol : toxique par contact et par inhalation. 
De benzidine : un colorant cancérigène.
De plomb : contenu dans les teintures.
De phtalates : perturbateurs endocriniens et cancérigènes. 

Voila, en tout cas, pour la partie émergée de l’iceberg. Concernant la partie immergée, je réitère mon conseil : fuyez cet iceberg et rendez-vous au plus vite sur la terre ferme de la bio ! 

Il y a quand même une bonne nouvelle : pratiquement toutes ces substances toxiques (sauf, bien sûr, les colorants) disparaissent au premier lavage en machine. Il suffit donc de ne jamais laisser les vêtements neufs au contact de la peau pour échapper à cette pollution spécifique.

Restent les vêtements nettoyés à sec, qui se chargent évidemment d’encore plus de substances toxiques, et les vêtements colorés dans certaines couleurs, comme le noir par exemple, qui, eux aussi, sont réellement très chargés ! 

Enfin, quant à savoir si les lessives non bio sont respectueuses de l’environnement, le problème est mal posé car toutes les lessives sont mauvaises pour l’environnement, même les « bio » ! Cela dit, les bio sont naturellement beaucoup moins néfastes que ce que vous appelez « les non-bio soit disant respectueuses », elles-mêmes l’étant un peu moins que les non-bio classiques. 

A propos de lessive, et d’ailleurs de bien d’autres produits, il existe un terme qui résume le problème de manière cyniquement réaliste : le « green washing », une technique de marketing visant à construire, par la pub et la com, une image écolo autour d’un produit. Il va sans dire que si l’efficacité de la stratégie a été plus d’une fois démontrée, on n’a, en revanche, jamais pu prouver que le produit, lui-même, s’en trouvait amélioré. 

Pour en revenir aux lessives, les seules qui soient respectueuses de l’environnement ne sont pas des lessives. 

Ce sont, par exemple, ces machines à laver fonctionnant aux ultra-sons, et totalement sans lessive, inventées en 86 par un étudiant Russe puis commercialisées au Japon mais tenues à distance respectueuse de nos rives occidentales par les lobbies des détergents ; comportement d’autant plus criminel que ces machines n’utilisent également que très peu d’eau et d’électricité, une lessive ne durant que 2 minutes. 

Autre exemple, bien que moins moderne : l’argile. Méthode quasiment préhistorique, certes, mais finalement assez efficace, tout au moins tant qu’on ne tient pas à laver plus blanc que blanc. 

Il existe aussi, en Inde, ce que l’on appelle des « noix de lavage » qui sont d’authentiques noix, fruits du Sapindus mukurossis, contenant de la saponine. Il n’est évidemment pas très aisé de s’en procurer chez nous, mais en cherchant bien… 

Jean-Baptiste Loin


La news-letter de J.B Loin paru le 04/09/11 intitulée "Etre éthique et bio c'est une question de santé." est consultable en ligne en suivant ce lien